Le château

De caractère défensif à l'origine, ce château, dont le gros œuvre remonte vraisemblablement au XIIIème  siècle, a fait l'objet d'importants aménagements de "confort" ainsi que de divers embellissements, de la Renaissance jusqu'au début de XIXème siècle.

D’allure médiévale, il se compose de deux corps de bâtiment en équerre : l'un, tourné vers le nord-est, prenant appui sur une tour carrée de construction plus massive et remontant probablement au Moyen-Âge; l’autre, faisant face à la chaîne de Belledonne, de plan rectangulaire et flanqué de deux tourelles rondes, a dû être construit au XVème  ou au début du XVIème siècle.

 

Les meneaux des fenêtres de la façade principale ont été supprimés lors de remaniements au XVIIIème  siècle mais quelques meurtrières sont encore visibles sur les deux tourelles.

 

Le château a fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques par arrêté du 4 novembre 1960.

 

Le parc, dessiné à la fin du XVIIIème siècle dans un style paysager, est agrémenté de magnifiques arbres d’ornement, de rocailles, d’un charmant bassin et de beaux communs.

Deux statues en marbre du XVIIIème siècle, l'une de Vénus, l'autre de Bacchus, ornent les pelouses.

 

Le château abrite de beaux parquets des Ateliers Hache, de belles boiseries et une décoration du Second Empire.

La porte à linteau en accolade (fin XVème siècle), ouvrant sur l'escalier à vis, est surmontée d'un blason où figurent les

armes, très endommagées mais toujours lisibles, des Morard d'Arces, alliés aux Servien par le mariage en 1500 de Catherine de Morard d'Arces avec Jean Servien, arrière-grand-père d'Abel Servien.

 

En 1655, Abel Servien vendit à Antoine de Reynold, capitaine aux Gardes Suisses, "la terre et seigneurie de Biviers", où quatre générations de la même famille se succédèrent à nouveau jusqu'en 1739.

Enfin, après diverses mutations, le château Servien fut acheté en 1855 par Alphonse Rallet, personnalité fort entreprenante et originaire de Château-Thierry. Après avoir fait fortune à Moscou dans l'industrie, alors naissante, des parfums dont il fut l'un des pionniers, il s'était installé en Dauphiné à la suite de son mariage avec Mathilde Farconet, fille du bâtonnier Frédéric Farconet, qui avait été le chef de l'opposition grenobloise au régime de Louis-Philippe.

 

Cette vieille demeure - dont Richelieu et Mazarin franchirent très vraisemblablement le seuil - est encore détenue de nos  jours par les descendants d'Alphonse Rallet et de Mathilde Farconet, qui s'attachent à perpétuer fidèlement le souvenir d'Abel Servien, lequel fut, sans aucun doute, l'un des plus grands - sinon le plus grand - homme d'État d'origine dauphinoise.

« Dans le parc romantique où rêvent les statues, un Bacchus et une Vénus attribués au XVIIIe siècle, dans les salons aux parquets marquetés nonchalamment ouverts sur la terrasse […], comme dans l’écrin d’un ravissant boudoir, règne la douceur des étés d’autrefois. Douceur tchékhovienne dont les arbres sont la musique et les étés finissants la nostalgie. Peut-être est-ce en cet exténuant XXème siècle que la demeure acquiert sa plus émouvante raison d’être… »

 

Extrait d’un article paru dans l’hebdomadaire Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné (31 juillet 1987) et intitulé Le château de Biviers, berceau de la diplomatie française.